Mohamed Lachhab, journaliste

Mohamed Lachhab, journaliste

Ses activités journalistiques ne vont pas lui faire oublier ses origines d'écrivain de textes de théâtre



A 47 ans, Mohamed Lachhab, père de famille heureux et comblé aborde l'avenir avec sérénité et confiance et n'affiche aucune appartenance politique. Un journaliste qui a commencé par être... footballeur.




Dresser le portrait d'un homme de la trempe de Mohamed Lachhab est loin d'être une sinécure. L'homme à derrière lui un parcours tellement riche, qu'une seule page est insuffisante pour relater, dans les détails, sa vie, son itinéraire professionnel et les lieux où il est passé et qu'il a marqués de son emprunte.

Mais, de prime à bord, on est vite averti lorsqu'on apprend que Mohamed Lachhab est originaire de la ville de Fès. Une ville où la culture, le nationalisme et le commerce ont toujours fait bon ménage.

En scrutant le parcours de Mohamed Lachhab, on s'aperçoit vite que rien ne le prédestinait à devenir journaliste, spécialiste de la "chose" politique.

Tout en poursuivant ses études secondaires, le jeune Lachhab va attirer l'attention des responsables de l'équipe de football local, le Maghreb de Fès. Sa carrure imposante et son caractère râleur vont donner des idées aux responsables de l'équipe.

Fougue

C'est en tant que gardien de but qu'il va faire son entrée dans une des équipes de football les plus prestigieuses de l'époque. La présence d'un gardien de but de la taille de Hezzaz, va acculer le jeune Achhab à jouer les seconds rôles au sein de cette équipe. Chose qui n'était pas sans déplaire au garçon fougueux et ambitieux qu'il était.

Une déception qui va le faire éloigner du monde du football et l'approcher un peu plus des milieux culturels de la ville.

le théâtre sera sa nouvelle passion, en participant à diverses pièces de théâtre, beaucoup plus en tant qu'auteur des textes qu'acteur. Il va se distinguer dans cet art et faire le bonheur des amoureux, ô combien nombreux dans cette ville, de la langue arabe classique dans toute sa splendeur.

Et la consécration ne va tarder à venir. En 1971, le texte qu'il a écrit pour une pièce de théâtre intitulé " La minute avant le Zéro" sera primé comme le meilleur texte théâtral d'un festival.

Une distinction qui va le propulser au devant de la scène artistique et lui faire ouvrir les portes du journalisme.

C'est au sein de la rédaction du journal Al Alam qu'il va faire ses premières armes en matière de journalisme. D'abord en collaborant au supplément culturel du journal, tout en s'initiant à l'analyse politique.

Distinction

Sept ans au sein de ce quotidien seront suffisants pour lui valoir la reconnaissance de ses pairs.

Sa nomination comme rédacteur en chef du journal "Al Mitak Al Watani" sera la consécration et le cadeau du scribe qui, ce faisant, réalise une véritable performance. Devenir rédacteur en chef d'un journal après seulement sept ans de carrière n'est pas donné à tout le monde.

Un poste qui va lui servir de tremplin pour devenir directeur du joural "Le message de la nation".

La création de la revue "Le Libéral" par feu Nadia Bradly en 1985 sera une occasion pour lui de changer de registre et de tenter sa chance dans la presse francophone en tant que directeur de la revue.

Une aventure qui va donner lieu à plusieurs publications que ce soit en arabe ou en français et qui prendra fin en 1996 après la mort de Nadia Bradly.

Mohamed Lachhab va quant à lui continuer son petit bonhomme de chemin.

Et c'est vers la presse du Moyen Orient qu'il va désormais se diriger d'abord, en se chargeant du bureau du journal libanais "Al Hayatt" à Rabat, puis du journal "Al Moustakbal" avant de devenir correspondant de la chaîne de télévision MBC. Ses correspondances depuis Rabat, seront également consacrées à la chaîne de télévision libanaise LBC, puis à la Radio française RFI.

Aventure

Ses activités journalistiques ne vont pas lui faire oublier ses origines d'écrivain de textes de théâtre. Il édita en 1981 un livre sur la question du Sahara intitulé "Le Maroc, l'Algérie et le Référendum", suivi d'un autre également à caractère politique portant le titre insolite de "L'élu de Dieu".

Des publications qui vont le consacrer en tant qu'analyste politique et sépcialiste des relations maroco-algériennes.

Mohamed Lachhab va du coup devenir la coqueluche des médias. Ses commentaires télévisés, sur la deuxième chaine notamment, vont lui coûter des critiques, souvent à tort et des fois à raison, de la part des observateurs. Et il n'en a cure.

Avec son caractère impulsif et sa fougue naturelle, Mohamed Lachhab se veut l'apôtre d'une presse indépendante qui consacre un traitement objectif à l'information dans une totale impartialité, loin de toute influence extérieure.

Objectivité

De son expérience en tant que correspondant de la chaîne britannique "BBC" et de sa rivale américaine "Voice of America", il garde un souci constant pour le professionnalisme dans la pratique journalistique. Donner le maximum d'informations fiables et vérifiables en consacrant une large part au commentaire tel est, selon Mohamed Lachhab, le credo de tout journaliste. Selon lui, la presse partisane a ses propres spécificités et son existence se justifie dans un État de droit comme le Maroc. La pluralité médiatique n'est- elle pas le reflet du débat démocratique auquel elle est appelée à participer.

A 47 ans, ce père de famille heureux et comblé aborde l'avenir avec sérénité et confiance et n'affiche aucune appartenance politique. Un exercice d'équilibriste que Mohamed Lachhab exécute avec brio. Une posture que d'aucuns lui envient.